Le domaine de l’assurance de personnes connaît des transformations profondes avec l’entrée en fiscalité des mutuelles, les exigences de Solvabilité II et la généralisation de la complémentaire santé pour les salariés du privé prévue par l’ANI. Si ces différentes adaptations réglementaires peuvent faire craindre une relative réduction de la flexibilité ainsi que des pressions sur les marges, les acteurs de l’assurance ne doivent pas cesser d’innover. D’autant plus que les besoins et la matière assurable évoluent fortement, il faut donc se renouveler pour répondre aux enjeux de la société.
Santé : des besoins croissants de prise en charge et d’accompagnement
L’augmentation constante des dépenses de santé, d’au moins 2 % par an, est plus rapide que la croissance et creuse le déficit de l’Assurance maladie. Parallèlement la conjoncture économique actuelle vient amplifier le phénomène de déficit de la sécurité sociale. Dans ce contexte, l’enjeu majeur des assureurs est de concentrer leurs objectifs d’innovation sur l’apport d’une valeur ajoutée en adéquation avec les attentes exprimées par les Français.
Première attente, le développement d’actions de prévention santé. 40 % des Français sont prêts à payer un supplément à leur complémentaire afin de bénéficier de services de prévention. Penser des actions de prévention, complémentaires à celles proposées par le système de santé, en les ciblant en fonction du profil adhérent individuel ou du profil de salariés de l’entreprise est une piste à retenir. Des synergies positives pourront se dégager, grâce à une plus grande sensibilisation aux risques et une préservation du capital santé des assurés. Il s’agit à terme d’un modèle gagnant-gagnant entre l’assureur et l’assuré, avec une optimisation de la gestion du risque pour l’un et la baisse des prix pour l’autre.
Fluidifier le parcours de soins et améliorer la maîtrise du budget santé est tout aussi essentiel. 93 % des Français estiment que la coordination des professionnels de santé autour d’un même patient doit être renforcée. Les assureurs pourraient jouer ce rôle de coordination en proposant par exemple de nouveaux services d’orientation dans le système de santé. Le développement de l’e-santé serait également un vecteur au service de cette meilleure coordination, à condition de répondre aux inquiétudes concernant la gestion et la confidentialité des données de santé.
Enfin, pour répondre aux besoins des Français qui jugent les niveaux de remboursements insuffisants de leur complémentaire santé, notamment ceux prévus par les planchers de l’ANI, la création d’une couverture supplémentaire personnalisée en fonction des besoins des assurés permettrait d’améliorer l’équilibre économique des contrats et de proposer une couverture individualisée.
Prévoyance, épargne, retraite : différentes approches pour innover dans les produits
La population française d’assurés connaît de grandes mutations. L’allongement de l’espérance de vie et le vieillissement de la population n’étonneront plus personne, mais il est toujours bon de rappeler l’importance du phénomène : selon les statistiques de l’Insee, en 2060, 16 % de la population aura plus de 75 ans (contre 9 % aujourd’hui). L’évolution de la cellule familiale et des modes de vie est un autre fait de société indéniable. On compte désormais 133 000 divorces par an, contre 40 000 dans les années 1970, entraînant logiquement la multiplication des familles monoparentales ou recomposées. On assiste également à la féminisation du travail, qui va continuer de progresser dans les emplois les plus qualifiés. Enfin, le parcours professionnel connait aussi des transformations, avec l’allongement de la durée d’activité et l’augmentation du chômage. Tous ces changements impliquent de nouveaux besoins.
En considérant ces évolutions, trois approches peuvent nourrir la réflexion sur les innovations produits des assureurs. Première approche : cibler une population ou un besoin de niche avec une offre segmentée –, protection juridique des risques internet, garantie maladie redoutée, non-paiement de pension alimentaire, capital urgence obsèques, etc. Pour répondre à des besoins précis ou pour les petits budgets, une seconde approche s’appuie sur le développement de l’offre de produits simplifiés, peu onéreux et couvrant une cible très large : garantie hospitalisation, garantie blessure, capital décès simple. La troisième approche, qui consiste à proposer des produits de prévoyance, d’épargne ou de dépendance évolutifs, permet d’éviter le sentiment de verser des cotisations à fonds perdus et de fidéliser le portefeuille.
Imaginer de nouveaux business models dans la couverture du risque dépendance
9 Français sur 10 souhaitent vieillir à domicile. Ce désir, aisément compréhensible, nécessite un accompagnement spécifique. Sur le plan législatif, la question de la dépendance reste en suspens : la réforme du financement de sa prise en charge peine à voir le jour depuis plusieurs années. Les assureurs ont de leur côté créé un label de garanties minimum pour les contrats Dépendance GAD (Garantie d’Assurance Dépendance).
Les contrats d’aujourd’hui et de demain impliquent une segmentation en fonction du profil d’adhérent (prévoyance ou épargne) et des services associés de plus en plus diversifiés et personnalisés. Il pourra s’agir par exemple d’investir dans les nouvelles technologies pour favoriser le maintien à domicile.
Dans tous les types d’offres, fournir des services à la personne est devenu incontournable. Les prestations financières ne sont désormais qu’un aspect de ce que l’assureur va proposer à ses clients. L’assureur sort alors de son rôle classique pour devenir un partenaire de vie, avec une offre hybride « Assur-service ».
Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à me contacter.