En collaboration avec Claude Chassain, Associée responsable de l’activité Actuariat Assurance.
Comment les compagnies d’assurance adaptent-elles leur dispositif de pilotage de la performance aux évolutions de leur environnement ? Quels sont les axes majeurs d’évolution des fonctions qui y sont associées ? Ces deux interrogations ont guidé notre récente étude sur les pratiques du secteur.
Depuis quelques années, le sujet du pilotage de la performance devient primordial. En effet, le renforcement du contexte concurrentiel, l’environnement économique incertain et la réglementation accrue incitent les assureurs à y accorder davantage d’importance, et cette activité ne cesse de s’étoffer par de nouvelles dimensions.
A présent, les institutions ont besoin de disposer d’un pilotage plus agile, plus régulier et plus fréquent, permettant une meilleure compréhension de l’allocation des moyens et des coûts et intégrant le capital et la liquidité. Si certains acteurs ont des pratiques plus matures que d’autres, tous ont encore besoin d’évoluer.
Vers un « super » contrôle de gestion ?
Le contrôle de gestion de l’ensemble des institutions rencontrées assure les missions régaliennes de contrôle comptable (analytique) et budgétaire.
Cependant, seuls 75 % des répondants analysent et suivent des indicateurs de rentabilité, ce qui semble insuffisant dans un contexte de renforcement concurrentiel du secteur. Par ailleurs, la dimension liée aux risques reste insuffisamment prise en compte dans le pilotage : si 50 % des institutions sondées ont un contrôle de gestion qui suit la solvabilité et le besoin en capital en normes Solvabilité 2, seulement 25 % participent à l’ORSA.
Quant aux pratiques de planification financière, elles sont caractérisées par leur hétérogénéité. Alors que 80 % des répondants actualisent leur budget deux fois par an – la dernière reprévision ayant pour but d’anticiper les résultats de fin d’année –, elles ne sont que 30 % à réaliser des actualisations trimestrielles (soit trois reprévisions par an). Sous la pression de Solvabilité 2 et des exigences de reportings trimestriels, les compagnies d’assurance encore à la traîne doivent d’ores et déjà accélérer le rythme.
A terme, en raison de sa mise en œuvre de plus en plus complexe, le pilotage de la performance devra être réalisé par un « super » contrôle de gestion, rassemblant des compétences en planification, comptabilité et actuariat. Maîtrisant les outils multidimensionnels, son action devra permettre d’accroître la qualité du dialogue de gestion au sein de l’entreprise en montrant notamment une capacité du pilotage à s’inscrire dans la vision stratégique.
Système d’information : le pilotage de la performance manque d’outils adaptés
La moitié des institutions rencontrées estime que l’absence d’outils adaptés est une difficulté majeure, voire un facteur pénalisant pour garantir l’efficacité de la production des reportings et la fiabilité des données. Ainsi, de nombreux projets dédiés au SI sont envisagés à court terme pour améliorer le pilotage de la performance. Les principaux axes d’amélioration identifiés concernent l’infrastructure de collecte et de mise à disposition des données, les outils de production des reportings, mais aussi les progiciels d’allocation/répartition des coûts et les outils d’élaboration budgétaire.
Les institutions qui sauront conduire rapidement ces évolutions seront en meilleure position pour anticiper et évaluer les impacts des mutations majeures qui se dessinent, notamment du fait du renforcement concurrentiel et de l’expansion du digital dans l’assurance.
Pour en savoir plus sur ce sujet, vous pouvez consulter notre étude sur le pilotage de la performance dans l’assurance, ou nous contacter.
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